Qu'est-ce qu'un "roman" ?... Qu'est-ce même qu'un "livre" ?...
A l'heure d'Internet, des "iPads", des "Kindles" et des fichiers numériques, ces appellations veulent-elles encore dire quelque chose ?...
Je pense sincèrement que OUI. Car de même que pour la musique, ce n'est pas la nature du support qui fait l'œuvre mais bel et bien son contenu, le voyage dans lequel cette œuvre vous entraîne... A partir de là, qu'importe le contenant, pourvu qu'on ait l'ivresse !

Malgré mon âge déjà respectable, je suis encore ce qu'on appelle un "jeune auteur". Pourtant, je crois avoir déjà acquis un brin d'expérience en matière d'écriture et, sans avoir l'outrecuidance de me comparer à Montaigne ou Flaubert, ni même à Alexandre Dumas, je pense avoir aussi un brin de plume qui ne déparerait pas certains auteurs contemporains qui ne doivent leur succès qu'à leur parisianisme ou leurs copinages télévisuels.

En cette époque où tout passe par l'image, amener le lecteur à consacrer plusieurs heures à la lecture d'un ouvrage de plusieurs centaines de pages suppose, même s'il n'a pour but que de divertir, de faire un travail réel et sérieux. Non seulement dans la construction de l'intrigue, qui devra jusqu'à la fin laisser au lecteur la soif de connaître la suite et la magie du monde où l'auteur l'entraîne, mais aussi, surtout, dans la description du contexte, afin que le scenario romanesque s'inscrive dans une histoire plausible, ou mieux, authentique, qui interpellera le lecteur.

Le Cinéma répond bien à cette description, mais l'image animée est avant tout le résultat d'une vision personnelle, celle du Réalisateur, que ce dernier vous livre toute empaquetée et prète à consommer. 

Le "roman" lui, laisse l'imagination du lecteur libre de vagabonder au-delà des mots, afin qu'il se fasse son cinéma lui-même... 
Le roman participe donc d'une créativité partagée, non seulement de celle de l'auteur, mais également de celle du Lecteur ! Et c'est ce partage d'imagination, cette créativité commune, ce lien de complicité invisible unissant auteur et lecteur qui fait toute la valeur d'un bon livre.

Il y a cependant "roman" et "Roman". 

Une imagination délirante et un rien de sensualité peuvent être des ingrédients suffisants pour écrire un roman d'amour façon Arlequin, ou un bon "polar", captivant et allègre, qui feront passer un bon moment à leurs lecteurs dans le bus ou le métro. C'est ce que j'appelle du "roman distraction". Il en faut, ça n'est pas ma tasse de thé mais c'est parfaitement honorable surtout lorsqu'ils sont réussis, même si, à l'instar de certaines productions musicales, beaucoup trop d'autres ont un goût de soupe purement alimentaire pour ceux qui la concoctent. 

Il en va très différemment de l'écriture d'un ouvrage de science-fiction qui, pour être crédible, nécessite en plus de l'imagination un minimum de connaissances scientifiques. 

Ainsi, en 1995, à une époque où l'on évoquait à peine le Réchauffement Climatique et où l'on sous-estimait largement ses dangers, je ne suis pas peu fier d'avoir écrit dans mon tout premier roman, "Testament d'Outre-Glaces", que le niveau des océans aurait monté de TROIS mètres en 2034. Compte-tenu de l'accélération exponentielle de la vitesse de fonte des calottes glaciaires, je crains d'avoir eu raison avec quarante ans d'avance.

Dans mon second roman paru en 2001 sur le site DIAMEDIT, "Saga Deus Temps UN", je remettais en question notre notion du Temps. Plus exactement de l'Espace-Temps puisque, depuis Einstein, nous savons que la sensation d'écoulement du Temps, à ne pas confondre avec le vieillissement des choses, n'est qu'une composante relative liée à la vitesse à laquelle nous parcourons un espace. Or, depuis quelques années, nos scientifiques ont découvert l'existence de particules plus rapides que la Lumière ! Ce qui conforte l'hypothèse d'espaces-temps multiples et de mondes parallèles !...

Mais ces deux premiers romans n'étaient que de la fiction, une projection intellectuelle et récréative qui se vérifiera ou pas dans quelques décennies ou siècles, en tous cas lorsque je ne serai plus de ce monde. Ce sont donc des mises en train, des essais sans risque, puisque seuls nos descendants pourront en vérifier l'hypothétique réalisation.

S'agissant d'une intrigue basée sur l'Histoire, là tout se complique !
Il faut en effet rechercher et croiser toutes les sources disponibles concernant la trame de fond dans laquelle on va insérer son propre scénario romanesque. Car cette trame de fond, qui servira de décor au "roman", ce n'est pas l'auteur qui l'invente ! Elle existe déjà dans les manuels scolaires et il n'est pas question de changer les faits.
Le romancier peut par contre leur apporter un éclairage nouveau...

L'art du "Roman" est donc infiniment subtil et nécessite, certes, beaucoup d'imagination, mais aussi un énorme travail de documentation qui peut se comparer à celui nécessaire à une thèse d'étudiant, et je suis admiratif, ou plus souvent dubitatif, face à ces auteurs médiatisés qui vous alignent deux ou trois romans par an comme autant de titres de gloire.

C'est ainsi que pour écrire "Jeanne d'Arcadie", j'ai investi plus de quatre ans en recherche documentaire et en réécriture permanente afin que ce "roman" trouve sa juste place, entre la fiction romanesque et la recherche de la vérité historique cachée derrière la légende de "Sainte-Jeanne d'Arc". 

Car pour être une fiction en sa partie "intrigue" contemporaine, ce "roman" n'en est pas moins basé sur des réalités historiques. Tant à propos de Jeanne d'Arc elle-même qu'à propos de tous les personnages qui ont joué un rôle dans son épopée, de ceux qui se sont succédés par la suite pour en maintenir la mémoire, ou d'autres qui, au contraire, ont tout fait pour faire disparaître les éléments qui auraient contrarié la légende dorée construite autour d'elle.
Et l'on se demande bien pourquoi ! Qu'y avait-il donc à cacher autour de ce personnage historique, qui soit si important que le Vatican lui-même ait organisé à la fin du XIXe siècle une véritable razzia sur les manuscrits qui en parlaient ?...